RHV 2023

Les femmes: quelle histoire !

Echos de ce numéro dans les médias

« L’histoire vaudoise au prisme des femmes pendant 2000 ans : un autre regard », Labellelettres, les ouvrages des chercheuses et chercheurs de la faculté des lettres, UNIL, 14.12.2023.

Nicolas Quinche, « Où sont les femmes ? », La Côte, 29.12.2023.

Gilbert Coutaz, « Féminisme et matrimoine », Le Temps, 18.01.2024.

G.S. « Les femmes savantes », Femina, 21.01.2024.

Claude Béda, « Les femmes surgissent de l’histoire vaudoise », 24 Heures, 18.03.2024.

Les femmes: quelle histoire !

Revue historique vaudoise 131/2023

280 pages, 40 illustrations, index des noms de lieux et de personnes
CHF 40.- plus frais de port

Sommaire ci-dessous

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LES FEMMES : QUELLE HISTOIRE !
REVUE HISTORIQUE VAUDOISE 131/2023

Sous la direction de Valérie Cossy, avec la collaboration d’Ariane Devanthéry et d’Elisabeth Salvi
Entre Antiquité et époque contemporaine, ce volume présente onze parcours féminins, collectifs et individuels, en terre vaudoise, ancrés dans l’histoire politique, économique, sociale et culturelle. Ils sont jalonnés de sept portraits, sous forme d’éclairages, de femmes qui ont défriché des territoires emblématiques de l’émancipation.
Présentant des faits longtemps demeurés occultés par l’habitus de « genre » propre au monde du savoir, l’histoire des femmes ne fait pas que révéler des inconnues mais, d’un point de vue épistémologique, interroge la manière dont ont été écrits les récits constitutifs de l’Histoire.

• David Auberson : Editorial.

DOSSIER THÉMATIQUE

• Valérie Cossy : Introduction. L’histoire vaudoise avec elles.
Il peut paraître étonnant de consacrer un numéro de la Revue historique vaudoise à l’histoire des femmes en 2023, une bonne génération après la publication de la somme en 5 volumes de Michelle Perrot et Georges Duby : Histoire des femmes en Occident. L’originalité du présent recueil réside dans le fait qu’il fédère diachroniquement et sous une même couverture des travaux consacrés à l’histoire vaudoise des femmes.

 Anne Bielman Sánchez et Michel E. Fuchs : Pompeia Gemella, Iulia Festilia et les autres : des femmes dans l’Avenches romaine.
À l’époque romaine, le territoire actuel du canton de Vaud était-il habité à près de 80 % par des hommes ? Telle est la question que l’on peut se poser en regardant sous l’angle statistique les témoignages écrits disponibles sur les occupants de cette région, à savoir des graffitis sur céramique, des inscriptions sur pierre (stèles funéraires, dédicaces aux divinités ou gestes honorifiques de la collectivité envers des particuliers) et quelques passages de sources littéraires antiques. Cette étude convoque ces témoignages pour dresser un tableau de la présence féminine dans l’espace public d’Avenches, à l’époque romaine, et d’autre part pour illustrer les difficultés auxquelles sont confrontés les spécialistes face à des documents souvent succincts et lacunaires.

• Marie Bron : « Au four et au moulin » : les métiers de femmes à Lausanne au bas Moyen Âge.
Cet article cherche à démontrer qu’à Lausanne la présence des femmes dans les professions médiévales est attestée et particulièrement visible, notamment pour la production du pain et sa vente ; elles sont meunières, boulangères, pâtissières ou encore fournières. Ainsi, les Lausannoises, de tous statuts matrimoniaux (célibataires, veuves ou épouses), s’intègrent parfaitement dans l’économie et la vie quotidienne de la ville.

• Élisabeth Salvi : Femmes incendiaires : crimes et châtiments au XVIIIe siècle.
Certains conflits sociaux montrent que les femmes se défendent ou se vengent par la menace ou le passage à l’acte incendiaire. En parcourant la répression criminelle de la violence à la fin de l’Époque moderne où le modèle patriarcal s’est renforcé, cette contribution – construite à partir de procès intentés à des femmes incendiaires – analyse la qualification judiciaire de la violence féminine et de son impact pénal.

• Sylvie Moret Petrini : Pratiques féminines de l’écriture personnelle au XVIIIe siècle en Pays de Vaud.
Cet article vise à rendre compte des pratiques d’écriture personnelle investies par les femmes au XVIIIe siècle. Il témoigne de la diversité de ces pratiques qui se diffusent dans tous les aspects de la vie des femmes. Journaux pour soi, journaux pour autrui, journaux professionnels, livres de raison, autobiographies, correspondances, dans les milieux nobiliaires et bourgeois la plume devient durant ce siècle une compétence féminine indispensable.

• Marion Curchod : Une renommée littéraire européenne : la carrière exceptionnelle d’Isabelle de Montolieu.
De son vivant, Isabelle de Montolieu (1751-1832) a joui d’une renommée européenne. Auteure et traductrice d’une soixantaine d’ouvrages, elle connaît un véritable succès dès la parution de son premier ouvrage, Caroline de Lichtfield. Toutefois, malgré ses succès littéraires, la baronne de Montolieu fait face à certains obstacles dont cet article propose de rendre compte en mettant en lumière trois pans de l’exceptionnelle carrière d’Isabelle de Montolieu.

• Béatrice Lovis et Nathalie Dahn-Singh : L’écriture de l’histoire au féminin : deux figures pionnières, Élisabeth Polier (1740-1817) et Herminie Chavannes (1798-1853).
Cette contribution présente les premiers résultats d’une recherche en cours sur deux historiennes vaudoises méconnues, Élisabeth Polier et Herminie Chavannes. Elle s’inscrit dans un champ d’étude relativement récent sur l’apport des femmes – longtemps invisibilisées – à l’historiographie. Dans une perspective comparative, l’analyse de leurs trajectoires, de la réception de leurs travaux et de leurs démarches d’historiennes met en évidence leurs difficultés, mais aussi leurs stratégies pour investir le champ très masculin de l’écriture de l’histoire.

• Aline Johner : Contrôle des naissances et « cultures sexuelles » chez les Payernoises durant le premier XIXe siècle.
Cet article se penche sur les cultures sexuelles, au moment où se forment les premiers partis politiques et que l’Église vaudoise subit une remise en question entraînant une importante rupture. Ces clivages nouveaux se reflètent aussi dans le rapport à la sexualité et la reproduction. À Payerne, au début du XIXe siècle, le contrôle des naissances concerne déjà de nombreuses femmes, avant que l’usage ne se généralise au siècle suivant. On observe que les membres de l’Église libre, ainsi que les femmes issues des milieux libéraux, sont plus susceptibles de limiter la taille de leur famille en espaçant leurs grossesses ou en cessant de se reproduire alors qu’elles sont encore jeunes.

• Philippe Kaenel : De la Société des femmes artistes à la Fondation Ateliers d’Artiste : Nanette Genoud.
De prime abord, rien ne semble relier la Société des femmes artistes, créée à Lausanne en 1902, à la Fondation Ateliers d’Artiste, dont le siège est à Chexbres depuis 2004 et dont les locaux d’exposition et de conservation se trouvent à Saint-Maurice. Ces deux institutions, dont les noms suggèrent d’emblée qu’elles répondent à des missions bien distinctes, permettent néanmoins toutes deux de poser la question de la place des femmes artistes dans les collections d’art, non seulement dans le canton de Vaud, mais encore, de manière plus générale, au XXe siècle. La vie et l’œuvre de Nanette Genoud (1907-1987) nous serviront
ponctuellement de guide pour comprendre la société et la fondation ainsi que la manière dont elles s’articulent.

• Marc Vaucher : Tenter l’espace public à la Belle Époque : l’Union des Femmes de Lausanne (1896-1920).
Basée sur les très riches archives de l’Union des Femmes de Lausanne déposées aux Archives de la Ville, cette contribution présente la naissance puis l’évolution de cette association féministe, l’une des plus importantes en Suisse à la Belle Époque. Si elle démarre dans un contexte local relativement favorable et dans le sillage des impulsions féministes anglo- saxonnes du dernier tiers du XIXe siècle, son maintien dans l’espace public s’avère, entre 1896 et 1920, semé d’embûches. L’auteur interroge ainsi la capacité de l’Union des Femmes de Lausanne à durer malgré tout, son empowerment, mais dont l’ambiguïté risque de piéger le premier féminisme vaudois.

• Pauline Milani et Raphaëlle Ruppen Coutaz : Sortir de l’invisibilité. Le Dictionnaire sur l’Histoire des femmes en Suisse.
Comment rendre visible l’invisible ? Comment écrire l’histoire des femmes à l’échelle nationale ? Deux questions au centre du Dictionnaire sur l’histoire des femmes en Suisse, un outil pensé pour favoriser la recherche, l’enseignement et la médiation. Ce Dictionnaire a été au cœur d’un enseignement de niveau master innovant, donné conjointement aux universités de Lausanne et de Fribourg, au semestre de printemps 2023.

• Diana Le Dinh : De l’arrière-boutique à la devanture : les femmes et le métier de photographe à Lausanne.
Si en Suisse allemande on trouve quelques femmes qui travaillent comme photographes professionnelles au XIXe siècle déjà, à Lausanne les indicateurs n’en recèlent guère de trace. Elles contribuent pourtant certainement au fonctionnement des ateliers, en assumant destâches annexes – coloriage, retouche – dans l’anonymat de l’arrière-boutique. Mais il faut attendre le siècle suivant pour que leurs noms apparaissent dans les annonces et s’affichent à la devanture.

Éclairages (courts portraits de pionnières)

• Léonard Burnand : La féminisation progressive de la Faculté des lettres de Lausanne.
• Joëlle Moret : Place(s) aux femmes : féminisation des noms de rue à Lausanne.
• Sylviane Klein : Simone Chapuis : féministe un jour, féministe toujours !
• Adèle Morerod : Regarder autrement : le cinéma de Jacqueline Veuve.
• Sylviane Klein : Madeleine Moret : mécène discrète et scientifique reconnue.
• Sylviane Klein : Yvette Jaggi : incontournable figure lausannoise des années 1990.
• Adèle Morerod : Carole Roussopoulos : la vidéo pour écrire l’histoire.

COMPTES RENDUS

Laurent Auberson, Orbe, Histoire et architecture : de la fin de l’Antiquité au XXe siècle, Neuchâtel : Livreo-Alphil, 2022 (Monique Fontannaz)
Erwan Le Bec (dir.), Le passé pas à pas : randonnées archéologiques dans le canton de Vaud, 3 vol., Bâle : Librum, 2021-2022 (Michel E. Fuchs)
Bruno Corthésy (dir.), Lavaux : patrimoine bâti, Berne : Société d’histoire de l’art en Suisse, 2022 (Monique Fontannaz)
Isabelle Roland, Daniel Glauser, Montcherand, un patrimoine bâti remarquable, Montcherand : Association pour l’église romane de Montcherand, 2022 (Monique Fontannaz)
Loïc Rochat (dir.), Les Rochat, de la famille comtoise à la tribu vaudoise : L’histoire, vol. 1, Gollion : Infolio, 2022 (Gilbert Coutaz)
Béatrice Veyrassat, De l’attirance à l’expérience de l’Inde. Un Vaudois à la marge du colonialisme anglais, Antoine-Louis-Henri Polier (1741-1795), Neuchâtel : Livreo-Alphil, 2022 (Olivier Pavillon)
Marianne Carbonnier-Burkard, Jean-Pierre Trouchaud (éds), Un Huguenot de Marsillargues réfugié en Suisse. Lettres de Jean Farenge à sa famille, 1686-1689, Neuchâtel : Alphil-presses universitaires suisses, 2022 (Lionel Frei)
Gilbert Coutaz, Le major Davel : naissance du premier patriote vaudois, Orbe/Yverdon-les-Bains : Château & Attinger, 2022 (Antonin Scherrer)
Corinne Chuard, Davel, héros vaudois, Gollion : Infolio, 2023 (Olivier Meuwly)
Sylvie Moret Petrini, Anne-Marie Lanz, « Il faut que vous deveniez un homme ». Correspondance entre Catherine de Charrière de Sévery et son fils Wilhelm, à l’Institut Pfeffel de Colmar (1780-1783), Lausanne : Antipodes, 2021 (Olivier Pavillon)
Béla Kapossy, Béatrice Lovis, (dir.), Edward Gibbon et Lausanne : le Pays de Vaud à la rencontre des Lumières européennes, Gollion : Infolio éditions 2022 (Guillaume Poisson)
Aline Johner, La sexualité comme expression d’identités religieuses et politiques dans le canton de Vaud : fin de l’Ancien Régime-1848, Neuchâtel : Alphil-Presses universitaires suisses, 2022 (Jean-Pierre Bastian)
Léonard Burnand, Benjamin Constant, Paris : Perrin, 2022 (Valérie Cossy)
Étienne Hofmann, Savigny se sépare de Lutry, 1820-1825, Lausanne : Bibliothèque historique vaudoise, 2023 (Jean-Pierre Bastian)
Christophe Vuilleumier, Les agents d’affaires brevetés du canton de Vaud : Un métier au fil du temps, Genève : Slatkine, 2022 (Numa Graa)
Bouda Etemad, De Rousseau à Dunant. La colonisation et l’esclavage vus de Genève, Lausanne : Antipodes, 2022 (Olivier Pavillon)
Roman Bonderer, Willensnation wider Willen: die medialen Konflikte in der Entstehungszeit des Schweizer Nationalstaats (1830-1857), Bâle : Schwabe, 2021 (Olivier Meuwly)
David Auberson, Juste Olivier, romantisme et patrie, Gollion : Infolio, 2023 (Gilbert Coutaz)
Olivier Meuwly : Une brève histoire constitutionnelle de la Suisse, Neuchâtel : Livreo-Alphil, 2023 (Numa Graa)
Fabio Rossinelli, Géographie et impérialisme : de la Suisse au Congo entre exploration géographique et conquête coloniale, Neuchâtel : Alphil-Presses universitaires suisses, 2022 (Béatrice Veyrassat)
Olivier Meuwly, Le Parti libéral-radical suisse. Deux histoires qui n’en font qu’une…, Lausanne : Cercle Démocratique Lausanne, 2022 (Blaise Fontanellaz)
Ingrid Brühwiler, Rebekka Horlacher, Grégory Quin, Johannes Westberg (dir.), Fabrique des corps nationaux. Autour de l’institutionnalisation de l’éducation physique en Suisse et en Europe (XIXe -XXIe siècle), Neuchâtel : Alphil, 2023 (Nicolas Gex)
Joseph Jung, Das Laboratorium des Fortschritts. Die Schweiz im 19. Jahrhundert, Bâle : NZZ Libro, 2020 (2e édition) (Olivier Meuwly)
Raphaëlle Javet, L’archéologie romande dans la presse (1930-2000), Gollion : Infolio (Michel E. Fuchs)
Jean-Philippe Leresche, Olivier Meuwly, Bertil Galland, vagabond des savoirs, Lausanne : PPUR, 2022 (Nicolas Gex)
Olivier Meuwly, L’UDC vaudoise 1921-2021 : de l’opposition paysanne au néoconservatisme, Gollion : Infolio, 2022 (Bernard Voutaz)
Gaby Fierz, Laurent Golay, Diana Le Dinh, Frontières : Le Traité de Lausanne, 1923-2023, Lausanne : Antipodes, 2023 (Ami-Jacques Rapin)
Zoé Kergomard, Faire campagne : les partis politiques suisses face à l’électorat depuis 1945, Lausanne : PPUR, 2023 (Olivier Meuwly)
Sarah Bütikofer, Werner Seitz (dir.), Les Vert·e·s en Suisse : évolution – action – perspectives, Zurich/Genève : Seismo, 2023 (Olivier Meuwly)

NÉCROLOGIE

Guy Le Comte (1942-2023), « Nous sommes le passé de nos descendants » (Gilbert Coutaz).