Au coeur du village de Gryon

Pour notre sortie d’automne, le Comité avait choisi de vous proposer le magnifique cadre des Alpes vaudoises, plus précisément Gryon et ses environs. Au programme, découverte du chalet de Caroline et Juste Olivier au milieu des pâturages de Cergnement où le couple passa de nombreux étés, repas dans la bergerie du Refuge de Solalex au pied du Miroir d’Argentine et visite guidée du coeur du village, qui a conservé tout son charme d’antan.
L’occasion également de remettre le Prix Jacqueline Exchaquet à Maël Braissant pour son travail de maturité intitulé:  » Le développement des transports publics à Lausanne de la “Ficelle” au M3″, et le Prix Jean Thorens à l’Association CUM GRANO SALIS – LE SENTIER DU SEL pour ses recherches historiques sur l’histoire du sel dans la région du Chablais vaudois, pour ses publications et pour la grande richesse des activités qu’elle propose.

Voir les photos de la sortie.

Voir la remise des prix 2021

Voici ci-dessous ce que nous en dit la Commune sur son site internet:

S’il est un endroit à ne pas oublier lors de votre visite de Gryon, c’est bien le coeur du village, le Fond de Ville. Il faut s’arrêter ici et écouter, parce que chaque chose a quelque chose à dire : l’église, le tilleul, la fontaine et l’enclos qui fut le cimetière. Ce carrefour a été le témoin de tous les actes qui ont créé la communauté. Il en a conservé un poids de souvenirs tel qu’on est forcé de se taire et d’écouter, à croire que ces pierres, ces poutres ont une mémoire et transmettent un message. (d’après M. Bonzon, historien)
C’était à l’église que chaque génération connaissait baptêmes, mariages et deuils, c’était à la salle de paroisse que les hommes du village se réunissaient pour délibérer et c’était à la fontaine que les femmes se retrouvaient, le jour de lessive, pour se raconter les derniers événements du village.

L’église

Le fait semble conférer encore plus de force à l’édifice : nul ne sait avec exactitude depuis quand existe l’église de Gryon. Probablement depuis le premier tiers du 16ème siècle. Auparavant, il y avait une chapelle dont l’existence est établie en 1217. Une des fenêtres de l’église actuelle est ornée de motifs qu’on a datés du 13ème siècle. On en a déduit que le nouveau temple est en fait l’ancienne chapelle agrandie. Cette reconstruction a peut-être coïncidé avec la création de la Paroisse de Gryon, auparavant dépendante de celle de Bex, dans les années 1539-1540, soit peu après la Réforme. C’est aussi à cette date que Gryon demande et obtient une des cloches du temple de Bex. Celle-ci aurait été refondue et remplacée par les deux cloches actuelles, datées de 1605 et 1607.

L’histoire plus récente du temple de Gryon est marquée par un certain nombre d’étapes de travaux de réfection. C’est ainsi que la voûte fut reconstruite après l’incendie de 1719 par le fameux maître charpentier David-Henry Dumaine. D’autres restaurations eurent lieu en 1870 et 1900. La dernière grande restauration date de 1932. Ayant pour but principal d’assainir le bâtiment, rongé par l’humidité, elle a complètement transformé l’aspect intérieur. Ainsi, la porte principale a été recentrée, le vestibule agrandi et le couloir nord supprimé.  Des bancs neufs ont été mis en place et la nef a été prolongée par la création d’un choeur. C’est de cette époque également que date le vitrail réalisé par le peintre gryonnais Henri Schimek.

Le grand bassin

Devant l’église, les Gryonnais ont placé un bassin immense, une auge de plus de six mètres de longueur. La tradition raconte que les carriers de Saint-Triphon avaient préparé ce bloc pour une commune de plaine mais quand les notables du lieu le virent, ils le trouvèrent trop lourd et intransportable. En effet, la creuse n’intervenait pas avant le transport afin d’éviter tout risque de cassure et ce bloc avoisinait les 24 tonnes ! C’est ici que la folie commence, par le rire insolent de deux charretiers de Gryon présents par hasard. Il y eut quelques propos piquants entre les gens de la montagne et ceux de la plaine et le pari de ceux de Gryon de monter sur les hauts ce monstre de marbre qui effrayait une commune du plat pays ! Toute la population releva le défi.
Un exploit insensé; mais on était en 1805, les gryonnais vivaient leurs premières années d’indépendance et leur jeune liberté les grisait.
Jusqu’au Bévieux, le transport fut relativement aisé et on avait réquisitionné tous les attelages du village. Mais dès qu’on fut engagé dans le chemin qui gravit la côte – tantôt lit de torrent, tantôt corniche surplombant des prés ou des vignes en escaliers – il fallut renoncer aux chevaux. Les hommes s’attelèrent à des cordes et l’on hissa le bloc en le faisant glisser sur des rondins. Ce fut un effort surhumain qui dura deux jours. Mais au soir du second jour, la fatigue les terrassa. Les rondins étaient écrasés, les cordes rompues, le pain et le lard dévorés. Ils se laissèrent choir sur le talus, vaincus ! Et c’est dans ce silence d’après la défaite qu’ils entendirent descendre cette galopage de socques, ce caquetage de voix aiguës qui leur tombait dessus. Les femmes ! Et oui, les femmes du village, merveilleusement averties que cette prouesse ne trouverait toute sa signification que si elles aussi y participaient. On mangea et l’on but puis on s’attela de nouveau. Deux files de femmes et d’hommes, épaule contre épaule, unis dans un effort épique. Au rythme des ooh-oh, chantés comme des psaumes, ils franchirent le Recard, la Maison Bregnon. A chaque replat, ils s’arrêtaient, le temps de ragrafer un corsage ou de remonter un chignon puis repartaient au signal. Le dernier tournant passé, quand le but futvisible, ce fut une furie d’efforts qui, d’une tirée, amena les sept tonnes de marbre sur leur emplacement. Ah ! la fière aventure qu’ils avaient vécue là ! Un orgueilleux exploit qui, à leur idée, devait prouver à tout jamais la vitalité de la race. (d’après le texte de M. Maurice Bonzon, historien-éditions du  Griffin-Trésors de mon Pays)

Quant à Juste Olivier, il nous est présenté sur le site de notreHistoire.ch

Juste Olivier fut un passeur d’idées, issu d’une famille paysanne dont la vie se conjugua entre sa terre vaudoise natale et Paris.
Né à Eysins en 1807, épouse à Noville le 28 octobre Caroline Ruchet et eut avec elle 4 enfants. Décédé en 1876, il repose au cimetière de Nyon
Il écrit un ouvrage de référence de 1200 pages intitulé « Le Canton de Vaud. Sa vie et son histoire. »
A la révolution de 1845, Juste Olivier s’installe en France, à Paris où il tient pension et donne des cours. Il séjourne souvent en Suisse.
En 1870, alors qu’il se trouve dans le chalet de son fils à Gryon, la guerre éclate entre la France et la Prusse, il demeurera dans son pays natal jusqu’à la fin de sa vie.
Ses recueils de poèmes écrit avec son épouse lui vaudront une vaste popularité qui atteindra le sommet après sa mort.