Home / CR19 Jean-Philippe CHENAUX, Les cinq vies du « bon docteur Messerli »
Les sous-titres donnent la structure du livre. Le Dr Messerli affine sa formation en France voisine où il travaille dans les laboratoires de l’Institut Louis Pasteur « comme assistant au service du célèbre professeur Albert Calmette auquel on doit le vaccin contre la tuberculose ». Il obtient à Paris divers diplômes. Ses travaux sont primés à Paris : lauréat de l’Académie qui lui octroie le prix Argut 1919 pour ses travaux sur le goitre et lauréat de l’Institut de France (Prix Monthyon 1920) et, dès lors, il participe à de nombreux congrès de médecine et d’hygiène en France, il donne des conférences et des cours à l’Institut Pasteur, au Collège de France, au Conservatoire national des Arts et Métiers, à la Faculté de médecine de paris et dans les grandes villes comme Lyon, Montpellier, Toulouse et Dijon.
Elève et disciple du professeur Bruno Galleri-Valerio, directeur de l’Institut d’hygiène et de parasitologie de l’Université de Lausanne de 1897 à 1938, le Dr Messerli lui reconnait d’avoir fait naître en lui le goût des recherches scientifiques ; il considère comme ses maîtres les professeurs Paul Demiéville et Georges Spengler, promoteurs et membres fondateurs de la commission de salubrité de Lausanne, domaine dans lequel il consacra son énergie durant des décennies.
Sa formation médicale lausannoise et parisienne le conduit au poste de médecin-chef du service d’hygiène de la ville de Lausanne, poste créé, le 3 juillet 1917, qu’il va occuper pendant trente-six ans (1917-1953). Retenons qu’au contraire d’autres chefs de service il a été maintenu à son poste par la Municipalité rouge (1934-1937) de la ville de Lausanne. Son cahier des charges comprend des domaines aussi divers que la salubrité publique, le contrôle des denrées et boissons, la police sanitaire des marchés, les mesures concernant les aliénés et les alcooliques, l’administration du lazaret communal, le casier sanitaire des habitations, la police des usines, des fabriques et des ateliers, les bains publics du lac et la surveillance des bains privés de même que la responsabilité des maladies épidémiques et contagieuses, de la lutte contre la tuberculose, les maladies vénériennes et « toutes les causes reconnues de l’affaiblissement de la race »… et son traitement annuel est fixé à 7500 francs.
En 1917, il dispose de cinq collaborateurs : un technicien hygiéniste, un contrôleur des denrées, un employé de bureau et deux infirmiers désinfecteurs. L’effectif s’élèvera à une vingtaine d’employés un quart de siècle plus tard.
A peine entré en fonction, le Dr Messerli est confronté à l’épidémie de grippe dite « espagnole » et il prend des mesures drastiques qui protègent les garde-malades lausannois.
En outre il s’investit personnellement pour l’assainissement de la ville de Lausanne et il crée un service d’infirmières-visiteuses qui vont s’engager personnellement et jouer un rôle déterminant dans l’apprentissage de la propreté au niveau domestique. Le Dr Messerli s’attaque à la fièvre typhoïde qu’il a le mérite d’éradiquer à Lausanne avant de mener des enquêtes détaillées sur la poliomyélite. Ayant découvert les bienfaits de l’héliothérapie, il organise, dès 1913, des après-midi, puis des journées de plein air pour les enfants indigents de Lausanne. L’œuvre de Vidy-Plage recevra des prix à Strasbourg en 1923.
Le Dr Messerli a pratiqué de nombreux sports et il va jouer un rôle important dans le développement du sport universitaire où la ville de Lausanne va jouer un rôle de pionnier.
En 1908, le Dr Messerli rencontre le baron Pierre de Coubertin, dont il deviendra au fil des ans l’un de ses plus proches collaborateurs, allant jusqu’à être son exécuteur testamentaire, il facilitera la prise de contact avec les autorités lausannoises. Le 10 avril 1915, Lausanne devient le siège officiel du Comité International Olympique (C.I.O.). C’est durant les Jeux olympiques de Berlin en 1936 que le Dr Messerli va se laisser abuser par les déclarations ambigües d’Adolf Hitler qui prêche la paix alors qu’il prépare la guerre.
Son dévouement au mouvement olympique vaudra au Dr MesserIi de nombreux prix et autres distinctions.
Influencé par le Baron Pierre de Coubertin, le Dr Messerli mit toute son énergie à la création des Amitiés Gréco-Suisses (AGS) en décembre 1929, dont il assuma la présidence pendant trente ans. Une intense activité d’échanges sportifs, culturels, touristiques humanitaires en particulier durant la Seconde Guerre mondiale marquèrent ses années de présidence. Les enfants grecs victimes de la guerre furent soutenus financièrement par les AGS.
Père fondateur et « grand patron » de la Confrérie des Pirates d’Ouchy, coanimateur du Mouvement rhodanien et de ses fidèles Fêtes du Rhône et c’est encore sur son initiative que La Noble et vénérable Confrérie des Pirates d’Ouchy rachète La Vaudoise en 1948, cette « Barque à voiles latines » qui sera classée monument historique vaudois en 1979.
Notons que parmi la liste de ses distinctions et décorations trente et une sur trente-neuf lui sont décernées à l’étranger, ce qui souligne sa reconnaissance internationale.
Une imposante bibliographie de quarante pages regroupe les principaux travaux du Dr Messerli. Relevons pour terminer la richesse des notes en bas de pages et un cahier photographique d’une quinzaine de pages.
François Jequier