Paul-Louis Pelet aurait eu 100 ans cette année. Né le 17 juillet 1920 à Cossonay, il est l’auteur entre autres de l’ouvrage ci-dessus. Après son décès en 2009, Georges Nicolas lui rendait hommage dans la RHV dont nous vous relatons un extrait ci-après :

Pour ceux qui ont eu le privilège de le connaître personnellement qui douterait que Paul-Louis Pelet fut un historien vaudois Depuis qu’il a publié en 2004 ses Impertinences et Pertinence, il est devenu plus facile de dire « pourquoi » car on sait « contre quoi » il l’est devenu, encore que « bien au contraire » il soit resté jusqu’au dernier moment un historien qui prenait une malin plaisir à démantibuler les idées reçues. Depuis sa soutenance de thèse en 1946 sur une entreprise qui aurait pu être brillante mais qui est restée inachevée (comme la cathédrale de Lausanne!): le Canal d’Entreroche construit au XVIIe siècle entre le lac de Neuchâtel et presque le Léman (il s’arrêtait à Cossonay, sa ville natale), Paul-Louis Pelet cherchait à « cerner l’histoire». D’autant que l’exploitation de « son » canal est abandonnée au début du XIXe siècle après avoir vu passer nombre de tonneaux de cette marchandise bien vaudoise: le vin, ne l’incline pas à l’optimisme. Est-ce ensuite à la Bibliothèque cantonale (1945-1948), au Gymnase de filles (1948-1964) ou à l’École des sciences sociales et politiques où il enseigne l’histoire diplomatique de 1958 à 1964 que Paul-Louis Pelet acquiert cette méfiance bien vaudoise pour « l’histoire officielle » aussi bien des grands que des masses dont il observe les affrontements de biais, pourrait-on dire? « L’historien ramasse les faits: décisions politiques, sentiment populaire, conformisme intellectuel, influence de quelque individu, cupidités ou besoins urgents. Il trie les plus saillants, les plus brillants ou les plus noirs et balaie le reste. De son choix il tire une mosaïque de l’histoire contemporaine. Que de subjectivité dans ce choix! Mais la multiplicité des tons vifs finit par donner la grisaille de l’histoire vécue (1958).»3 Toujours est-il que, guidé par les indications d’un ami forestier, Paul-Louis Pelet « découvre » ce qui va devenir son inépuisable pourvoyeur de trous dans ses fiches à perforation latérales (l’ordinateur de l’époque) : l’industrie métallurgique du Jura vaudois qu’il met à jour en faisant d’autres trous, dans la terre ceux-là, au cours de fouilles devenues mémorables. Les résultats en sont maintenant présentés au public dans un petit pavillon, aux Bellaires (commune de Romainmôtier-Envy), au milieu d’une merveilleuse forêt de chênes et de hêtres. C’est la deuxième dimension de l’historien Paul-Louis Pelet : creuser la recherche dans la longue durée plutôt que dans la courte période, encore que ses affirmations soient toujours solidement ancrées dans l’époque par des relevés minutieux de documents et de vestiges archéologiques. Tendance qui lui faisait dire de temps en temps d’une voix douce à la fin des repas professoraux bien arrosés et enfumés qu’il préférait « l’histoire spaghetti » continue à « l’histoire saucisson » débitée en tranches! Est-ce son peu de goût pour cette nourriture pourtant bien vaudoise qui l’amène à chercher à alléger son activité (Gymnase et Université, puis Université et Fonds national de la recherche scientifique) ? Chargé de cours (1958), professeur extraordinaire (1961) et ordinaire (1965) à l’Ecole des Sciences sociales et politiques, il en assure la présidence de 1964 à 1966 au moment où ses effectifs s’accroissent dans la Faculté de droit dont elle est issue. En 1968, Paul-Louis Pellet est nommé professeur ad personam rétribué par le Fonds national suisse de la recherche scientifique grâce à l’appui et à l’action de son prédécesseur à la présidence de l’Ecole des sciences sociales et politiques, Jean-Charles Biaudet. Privilège donné à un Vaudois par une Confédération impressionnée par la renommée internationale du chercheur en archéologie historique qui sera confirmée par l’octroi d’un doctorat honoris causa à l’Université de Franche-Comté en 1982.

Georges Nicolas, « Hommage. Pertinence et impertinences de Paul-Louis Pelet (1920-2009) », RHV. Réformes religieuses en pays de Vaud, 2009/119, pp. 345-347.